À chaque fois que je participe à une interview avec certains médias français, qu’ils opèrent en Afrique ou ailleurs, le journaliste me pose toujours la même question : « De quoi la créativité a-t-elle besoin, dans tous les domaines, pour durer et s’épanouir ? Et le professionnalisme ou la compétence du chercheur ou de l’écrivain sont-ils le fruit de son expérience personnelle — qu’elle ait été rude ou confortable — ou bien le résultat de sa course vers un poste de pouvoir qui lui aurait permis d’accéder à des secrets inaccessibles au grand public ? »
Et à chaque fois, ma réponse reste inchangée : « Ceux qui courent derrière les postes et les titres, cher monsieur, ne sont jamais respectés par les dirigeants, quel que soit le système politique. Ils sont utilisés pour servir un objectif précis, puis écartés une fois leur rôle accompli, réduits à leur taille d’origine, rien de plus. L’un des plus grands bienfaits que Dieu a accordé aux chercheurs professionnels, c’est d’avoir retiré de leurs cœurs l’amour du pouvoir, la soif des postes, ou même le désir de s’en approcher. Ce privilège est reconnu et apprécié par les chercheurs, quelles que soient leurs idées, leurs appartenances ou leurs orientations. »
Mon ambition première et ultime est de rester chercheuse dans mon domaine : écrire en toute liberté, débattre avec intelligence, diverger avec bienveillance, et converger avec conviction — sans menace, sans intimidation, sans accusation de trahison ni remise en question de notre intégrité. C’est, selon moi, ce qui contribue véritablement au développement de la recherche, renforce la crédibilité et la créativité scientifiques, et permet à la recherche de jouer pleinement son rôle, dans un espace où la pensée, même divergente, est respectée, où les contributions, même modestes, sont valorisées, et où les opportunités s’ouvrent pour un véritable progrès scientifique au service de la patrie, et d’elle seule.
— Dr. Amina Al-Araimi