L’ensemble des dirigeants politiques du Golfe est conscient que le Soudan constitue un pilier essentiel pour le renforcement de la diplomatie du Golfe en Afrique. Khartoum a, en effet, contribué dès 2006 à consolider la présence du Golfe dans la région des Grands Lacs et a soutenu, entre 2003 et 2008, la dynamique diplomatique du Golfe à travers ses représentants dans la majorité des pays africains. Ce rôle a favorisé le développement d’outils de diplomatie populaire sur lesquels les États du Golfe s’appuient désormais pour renforcer les relations afro-golfe. Il suffit de rappeler ce que mentionnent certaines académies françaises à ce sujet, en qualifiant le Soudan de : « L’État aux six portes vers l’Afrique ».
La visite du Premier ministre soudanais, le Dr Kamil Idriss, en Arabie saoudite intervient à un moment où Khartoum est parvenue à exporter sa vision à l’ensemble de ses voisins régionaux. Chaque État s’est forgé sa propre lecture des évolutions à venir. Et si ces capitales diffèrent quant aux modalités de traduction de leur perception d’un Soudan de l’après-guerre, elles s’accordent – sans le déclarer explicitement – sur le fait que l’institution militaire soudanaise est parvenue, depuis 2023, à imposer une nouvelle réalité sécuritaire et de renseignement. Celle-ci influencera inévitablement la manière dont Khartoum conçoit son environnement géographique. Selon une perspective africaine, cette dynamique conduit la direction soudanaise à adopter de nouvelles règles de sécurité intérieure et à mettre en place des orientations inédites de politique étrangère, à la hauteur d’une nation qui a traversé l’épreuve du feu et a ainsi gagné son droit à la vie.
Le Soudan demeure donc un pilier essentiel du renforcement de la diplomatie du Golfe en Afrique. Khartoum a consolidé la présence du Golfe dans la région des Grands Lacs dès 2006 et, entre 2003 et 2008, a appuyé par ses représentants africains l’activisme diplomatique du Golfe. Cela a contribué au développement d’outils de diplomatie populaire, sur lesquels s’appuient désormais les pays du Golfe pour renforcer les liens afro-golfe. (Le Soudan, porte du Golfe arabe vers la profondeur africaine).
Dans la perspective de soutenir davantage les relations soudano-golfe, l’avenir ouvre la possibilité d’une rencontre entre le Premier ministre soudanais, Kamil Idriss, et le Secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, accompagnés des ministres des Affaires étrangères des pays du Golfe. Une rencontre qui viendrait appuyer la campagne nationale de redressement sanitaire récemment annoncée par la direction soudanaise. Cette initiative devrait non seulement contribuer au développement des mécanismes de sécurité nationale au Soudan, mais également renforcer le rôle du Golfe dans l’évolution des mécanismes africains de paix et de sécurité. Ce processus, en retour, favoriserait un rapprochement afro-golfe sur plusieurs dossiers régionaux et internationaux, que certaines élites africaines continuent d’aborder avec prudence, voire méfiance
Dr. Ameena Alarimi
Chercheuse émiratie spécialiste des affaires africaines

